Le gouvernement l’a confirmé cette semaine : le numerus apertus, mis en place en 2020 pour réguler les entrées en deuxième année des études de santé, va disparaître. Une annonce faite par Yannick Neuder, ministre délégué chargé de la Santé, dans le cadre d’un projet de loi plus large sur l’accès aux soins. Objectif : former plus de médecins pour répondre à la crise démographique des professionnels de santé. Mais derrière cette décision, une révolution silencieuse se prépare.
Un changement de cap stratégique
La suppression du numerus apertus interviendra officiellement le 17 juin 2025, avec le dépôt d’un amendement gouvernemental. Concrètement, cela signifie qu’il n’y aura plus de quotas fixés par les universités ou les agences régionales de santé pour réguler les admissions en deuxième année. Chaque faculté pourra accueillir autant d’étudiants qu’elle est en mesure de former correctement.
Cette mesure marque une nouvelle étape dans la réforme des études de santé entamée en 2020 avec la fin du numerus clausus. À l’époque, l’État avait choisi de ne plus fixer un nombre fermé de places, préférant une logique d’ouverture encadrée. Le numerus apertus permettait alors aux universités, en lien avec les ARS, de fixer un nombre minimal de places accessibles en deuxième année, sur la base de leur capacité d’encadrement et des besoins en santé sur leur territoire.
Mais dans les faits, ce système a souvent manqué de lisibilité et de cohérence.ê
Pourquoi cette suppression maintenant ?
Plusieurs raisons expliquent cette décision politique :
- Des besoins de santé massifs : selon les projections, il manquerait chaque année plusieurs milliers de médecins pour couvrir les besoins réels du territoire français. Le numerus apertus, bien qu’ayant permis une hausse relative des effectifs (environ 12 000 admissions en 2024), n’a pas suffi à combler l’écart.
- Une fuite étudiante préoccupante : chaque année, plusieurs milliers de jeunes partent se former à l’étranger, notamment en Roumanie, en Espagne ou en Belgique. En 2023, on estimait à près de 4 000 le nombre d’étudiants français en études de médecine hors de France. La suppression du numerus apertus vise aussi à rapatrier ces étudiants, et à leur offrir une perspective de formation crédible sur le territoire national.
- Des tensions persistantes sur le terrain : les quotas du numerus apertus restaient définis localement, avec des disparités fortes entre régions. Résultat : certains territoires manquaient toujours de médecins, tandis que d’autres avaient du mal à absorber leurs promotions en stages.
Un système de régulation… sans plafonnement
Contrairement à ce que certains redoutaient, cette suppression ne signe pas un retour à l’anarchie. Le gouvernement a précisé que les universités devront continuer à justifier de leur capacité de formation (encadrement, terrains de stage, locaux, équipements…). L’enjeu est donc de passer d’un système de régulation par quota à une régulation par la qualité de l’offre pédagogique.
Cette logique est inspirée de certains pays européens (comme les Pays-Bas ou l’Allemagne) où les admissions se font selon le niveau des candidats, les capacités d’accueil et les débouchés réels – sans chiffres bloquants à l’échelle nationale.
Une opportunité pour les candidats… à condition d’être bien préparés
Pour les lycéens et étudiants de PASS ou LAS, cette réforme peut sembler être une excellente nouvelle. Moins de sélection par le chiffre, plus d’ouverture par la compétence. Mais attention : le niveau académique reste élevé, et l’exigence pédagogique ne disparaît pas.
Ce que cette réforme change réellement :
- Il sera sans doute plus facile d’entrer en 2e année pour les candidats sérieux, bien formés et stratégiques.
- Le profil du dossier scolaire, la performance au concours, et la régularité des résultats deviendront encore plus cruciaux.
- Les écarts entre universités pourraient se renforcer : certaines auront les moyens d’absorber une hausse d’effectif, d’autres non.
Autrement dit, la compétition ne disparaît pas – elle se déplace sur le terrain de la qualité, de la stratégie et du projet.
Une réforme qui touche aussi la psychiatrie
En parallèle de la suppression du numerus apertus, le ministère annonce un plan spécifique pour renforcer la formation en psychiatrie, filière en tension dans toute la France.
- Le nombre d’internes sera rehaussé à 600 en 2027 (contre 500 actuellement).
- Un stage obligatoire en psychiatrie sera intégré à toutes les filières médicales dès la première année.
- L’objectif est de mieux faire connaître ces métiers, souvent mal considérés, et de lutter contre la pénurie de psychiatres et pédopsychiatres.
Ce que ça change pour les prépas et les accompagnements privés
Pour les établissements comme Diploma Santé, qui accompagnent chaque année plusieurs centaines d’étudiants en PASS et en LAS, cette réforme appelle une adaptation rapide. Mais elle renforce aussi notre rôle :
- Parce qu’il faudra mieux comprendre chaque université, ses critères, ses attendus et ses capacités d’accueil ;
- Parce qu’il faudra aider chaque étudiant à construire un dossier solide, durable et crédible pour affronter une sélection qui restera exigeante, même si elle n’est plus chiffrée ;
- Et parce que l’enjeu n’est plus de « passer un cap », mais de tenir dans la durée – avec une orientation claire et un accompagnement individualisé.
Chez Diploma, on ne prépare pas seulement un concours. On aide chaque étudiant à devenir le futur soignant que notre système attend.
FAQ – Tout comprendre sur la fin du numerus apertus en médecine
Qu’est-ce que le numerus apertus dans les études de médecine ?
Le numerus apertus est un dispositif mis en place en 2020 pour remplacer le numerus clausus. Il ne fixait plus un nombre maximal d’admis en deuxième année, mais un seuil minimal d’admissions décidé localement par les universités et les ARS. Ce système visait à assouplir la sélection en médecine, sans pour autant ouvrir totalement les vannes.
Quelle est la différence entre numerus clausus et numerus apertus ?
Le numerus clausus imposait un quota national fixe, identique pour toutes les universités. Le numerus apertus, lui, laissait chaque faculté fixer ses seuils d’admission, en lien avec les besoins régionaux. Dans les deux cas, il y avait une forme de régulation… mais le numerus apertus restait moins rigide.
Pourquoi le numerus apertus va-t-il être supprimé en 2025 ?
Le gouvernement estime que malgré le numerus apertus, la France ne forme pas assez de médecins pour faire face aux besoins de santé. La réforme vise à accélérer la formation médicale, à réduire les déserts médicaux et à récupérer les étudiants partis se former à l’étranger.
Est-ce que la fin du numerus apertus signifie qu’il n’y aura plus de sélection ?
Non. Il n’y aura plus de plafond chiffré, mais les universités continueront à sélectionner selon :
- les résultats des étudiants en PASS ou LAS,
- la cohérence du parcours,
- les capacités d’encadrement pédagogique.
Autrement dit, la sélection devient plus qualitative, mais reste présente.