Partir faire médecine hors de France, c’est un projet qui fait rêver. Une autre langue, une autre culture, un autre système universitaire… mais aussi, disons-le franchement, un bon paquet de paperasses et quelques chausse-trappes. Si vous envisagez cette voie, mieux vaut bien s’informer. Parce que selon le pays visé, les conditions d’entrée et les parcours sont parfois aux antipodes du système français.
D’abord, les bases : être reçu, ça ne s’improvise pas
Avant même de penser valise et logement, il faut regarder les critères académiques. La plupart des universités exigent un bon niveau dans les matières scientifiques (biologie, chimie, physique). Et certaines imposent des examens d’entrée. Exemple : en Espagne, tout passe par les fameuses épreuves PCE. En gros, si vous n’avez pas les bons résultats, vous ne passez pas.
Et bien sûr, il faut parler la langue. Pas juste pour commander un café : pour suivre des cours de médecine. L’Espagne demande un bon niveau en espagnol. D’autres pays, comme la Roumanie ou la Hongrie, proposent des cursus en anglais, mais attention : tout ne se fait pas toujours dans cette langue, et ça peut poser problème plus tard pour faire reconnaître son diplôme.
Chaque pays, ses règles du jeu
Les démarches ne sont pas les mêmes partout. Voici un aperçu rapide de ce qui vous attend selon la destination :
En Espagne
Très compétitif. Tout dépend de vos notes de lycée et des PCE. Chaque fac fixe sa propre note minimale d’admission. Bonne nouvelle : on peut consulter les seuils de l’année précédente pour estimer ses chances.
En Belgique
Des cursus en français, d’autres en néerlandais. Les candidatures passent par la plateforme ARES. Il faut un bon dossier scolaire, et les places sont limitées. À anticiper très tôt.
En Allemagne
Stage obligatoire en hôpital dès les premières années. Trois mois de soins hospitaliers, une formation de secourisme, puis quatre mois de stage médical (la « Famulatur »). Du concret très vite, mais aussi beaucoup d’exigences pratiques.
Aux États-Unis
Autre planète. Il faut d’abord faire un « pre-med » (formation scientifique), passer le MCAT (examen redouté), et démontrer sa capacité à financer des frais de scolarité stratosphériques. Sans parler des démarches de visa.
Et une fois diplômé, je peux exercer en France ?
Eh bien… ça dépend.
Diplôme obtenu dans l’Union Européenne ou en Suisse ?
Bonne pioche : grâce à la directive européenne 2005/36/CE, la reconnaissance est facilitée. À condition que la formation respecte les standards européens (durée, stages, examens finaux…). Pas besoin de passer un nouvel examen pour s’inscrire à l’Ordre des Médecins.
Mais attention à certains cas : en Roumanie ou en Hongrie, si le cursus a été suivi en anglais, quelques étudiants ont eu des soucis administratifs. Donc avant de partir : bien vérifier la conformité du diplôme aux critères européens.
Diplôme obtenu hors UE ?
C’est une autre histoire. Il faut passer par la Procédure d’Autorisation d’Exercice (PAE). Elle est lourde, sélective, et comprend un examen de connaissances (EVC), un stage en milieu hospitalier français, et un passage devant une commission. En clair : il faut être prêt à se battre pour faire reconnaître son diplôme. Le taux de réussite tourne autour de 10 à 20 %.
Quelques cas particuliers
- Royaume-Uni : depuis le Brexit, plus de reconnaissance automatique. Les médecins formés là-bas doivent désormais passer la PAE.
- Canada, États-Unis : même traitement. Les diplômes nord-américains, aussi prestigieux soient-ils, doivent être validés via la procédure française.
- Maghreb : même s’il y a beaucoup de points communs avec le système français, les diplômés du Maroc, d’Algérie ou de Tunisie doivent eux aussi suivre la PAE.
Avant de partir : ce qu’on oublie souvent de dire
Partir à l’étranger, c’est aussi une question de budget. Et pas qu’un peu.
Frais de scolarité : du simple au x20
- Allemagne, Belgique : souvent très abordables (1 000 à 2 500 €/an).
- Espagne : public raisonnable, privé beaucoup moins (jusqu’à 20 000 €/an).
- Roumanie / Hongrie : entre 5 000 et 8 000 €/an.
- Royaume-Uni / USA : là, on dépasse souvent les 50 000 € par an.
Conseil : vérifiez bien les montants exacts. Certains frais évoluent en cours de formation, surtout dans le privé.
Coût de la vie
- Logement : de 300 € (Roumanie) à plus de 1 500 € (Londres, New York).
- Transports, nourriture, matériel médical : ça s’additionne vite.
- Assurance santé : parfois obligatoire et chère, surtout hors Europe.
Comment alléger la note ?
Plusieurs options existent pour financer tout ça :
- Bourses d’excellence (selon les pays et les universités).
- Aides spécifiques aux Français via le Crous ou certaines régions.
- Programme Erasmus+ (pour une partie du cursus).
- Prêts étudiants à taux préférentiels.
- Petits boulots : possible dans certains pays, mais attention à la charge de travail.
En résumé …
Faire médecine à l’étranger, c’est tout sauf un plan B. C’est un choix fort, qui demande de l’organisation, de l’anticipation, et un vrai investissement. Mais c’est aussi une ouverture incroyable sur le monde, une autre façon d’apprendre, et une opportunité de vivre un parcours unique. Alors si vous êtes prêt à sortir des sentiers battus, à bosser dur et à affronter un peu d’administratif… pourquoi pas vous ?